Pleins feux sur Salif N'diaye

Salif N'diaye, natif d'Afrique de l'Ouest (Côte-d'Ivoire), mène une carrière de freelance en plein essor à Paris. Travaillant sur des projets d'animation 3D pour de grandes marques tels que Samsung, Peugeot, L'Oréal, Ford, Lucky Strike, les écouteurs AC /DC, il s'appuie sur LightWave pour obtenir des résultats étonnants. Découvrez par vous même pourquoi nous avons décidé de braquer les projecteurs sur cet artiste aussi talentueux.

Commençons par votre nom/prénom, profession/titre, entreprise. Indiquez où vous vous trouvez.

Bonjour ! Je m'appelle Salif N'diaye, je suis infographiste 3D freelance sur Paris et je suis originaire d'Afrique de l'ouest (Côte d'Ivoire).

Pourquoi êtes-vous devenu un animateur 3D ? Qu'est-ce qui vous a motivé à démarrer votre activité ?

Il y a plusieurs raisons à cela, mais pour ne pas trop m'étendre, c'est une passion que j'ai depuis que je suis enfant. J'étais un enfant rêveur qui s'inventait des histoires magiques à travers les dessins animés ou les jeux vidéos. Mes premières images en 3D m'ont donné l'opportunité de créer ce que j'avais en tête. C'était tout simplement incroyable. Une autre raison: lorsque j'ai arrêté mes études pour me consacrer à ma passion, ma famille m'a soutenu. Si j'ai pu y arriver, c'est donc aussi grâce à eux.

En ce qui concerne mon activité, il faut savoir qu'être un infographiste freelance utilisant LightWave en France "oblige", quelque part, à être à son propre compte. Il est malheureusement très peu utilisé dans les agences de communication ou les studios 3D.

 

Pouvez-vous donner une idée, un aperçu de votre entreprise, de vos clients et les services que vous offrez ?

La plupart du temps, je travaille à mon domicile. Il m'arrive parfois de me déplacer en agence pour travailler en interne avec une équipe en place quand les projets nécessitent des retours en temps réel, ou quand les dossiers sont trop confidentiels. Les services que je propose peuvent aller du simple exécutant (c'est souvent le cas quand je travaille avec des agences) à un suivi complet de création de produit qu'un client aimerait commercialiser.

LightWave est-il votre système d'animation 3D principal ?

Mon logiciel de prédilection est LightWave. Je l'utilise très fréquemment pour tout ce qui touche la création de volume en 3D.

Quels autres logiciels (comme, par exemple, les plugins) utilisez-vous dans votre workflow ?

En règle générale, je n'utilise pas spécialement de plugins. Il y a quelques années, j'utilisais Fprime, qui permettait d'afficher en temps réel un rendu. Mais avec l'apparition du VPR, j'ai migré vers le rendu natif de LightWave. Le seul plugin que j'utilise actuellement est LWCAD. Il apporte une grande précision dans la modélisation et permet de créer des volumes 3D en architecture à une vitesse incroyable. Les dernières versions de LightWave permettant d'envoyer depuis le modeler des objets vers Zbrush, j'ai commencé à regarder cette option de plus prêt.

Sur quel type d'ordinateur travaillez-vous ? Sur quel système ? Faites-vous appel à d'autres équipements dans votre pipeline que nous devrions mentionner?

Je travaille avec 2 machines sous Windows. Pour ce qui est de l'hardware, ce sont des PC configurés avec Intel (i7), 16Go de RAM et des carte 3D ATI. Cela reste une configuration très modeste.

Quels sont les facteurs ou les expériences qui vous ont poussés à choisir LightWave ?

Pour tout  vous avouer, je suis tombé par hasard sur LightWave. Quand je suis venu en France, j'ai intégré un centre de formation qui m'a fait découvrir ce logiciel. Je dois dire que sa logique et les possibilités qu'il offrait m'ont séduits et me surprennent encore aujourd'hui.

Sur quelle version de LightWave travaillez-vous ?

Je travaille actuellement sous LightWave 11.6.

Quels sont les outils, fonctions ou capacités qui vous séduisent particulièrement ?

Son modeler est très puissant, le système nodal pour les textures permet de faire un travail très soigné et précis. Son moteur de rendu offre un incroyable rapport qualité/temps. Son VPR permet de gagner beaucoup de temps pour l'étape du shading et du lighting. LightWave se compose d'un certain nombre d'outils qui le rendent très agréable à utiliser.

Quelles sont les fonctions que vous utilisez le plus dans vos projets ?

J'utilise très souvent les mêmes fonctions quand je modélise : Extender plus, qui permet d'extruder des edges ou des faces, le Multishift qui, lui, permet d'extruder numériquement et le Band saw pro qui permet de rajouter des lignes d'edge sur une série de polygones. J'utilise aussi le Band glue quand je veux réduire le nombre de polygones. En ce qui concerne le Layout, j'utilise beaucoup le VPR pour la partie Shading et Lights et obtenir ainsi un retour en temps réel de mon image.

Pouvez-vous dire que LightWave vous offre un certain nombre d'avantages, telle qu'une économie d'argent et de temps ?

Son prix de vente est très correct au vue de ce que l'on peut en faire professionnellement. On peut modéliser, texturer, rendre et animer. LightWave permet de mettre rapidement en place des scènes et pouvoir rapidement montrer un visuel à un client reste un grand avantage.

LightWave vous permet-il de réaliser des projets rapidement et sans compromis dequalité ? Si oui, comment ?

Au fil des versions, les solutions apportées dans LightWave optimisent la façon de produire, tout en améliorant la qualité du travail. Les outils dans le Modeler sont mis à jour pour permettre à l'utilisateur de gagner en vitesse et en précision. Les outils dans le Layout comme Genoma, Bullets et Floking sont venus renforcer les systèmes classiques de Bones, de Dynamiques et de Particules, tout en améliorant et en simplifiant leurs taches.

Pouvez-vous décrire un projet d'animation 3D récent dans lequel LightWave a joué un rôle significatif ? (Merci d'inclure le nom du projet ainsi que l'endroit où il pourra être vu ou distribué ?)

Fin 2013, j'ai été contacté par une agence de Paris (Studio 555Lab) qui m'a demandé de collaborer avec eux sur une animation 3D pour l'Unicef. Il fallait créer un Paris flottant dans le ciel avec des machines volantes qui transportaient des poupées. J'ai trouvé l'idée originale et j'ai tout de suite accepté ce projet.

Quels étaient vos objectifs créatifs sur ce projet ?

Sur ce projet, mon rôle était de concevoir des objets volants dans un style steampunk.

Quelles tâches ou étapes spécifiques avez-vous exécutées dans le cadre de ce projet?

Je me suis occupé de la modélisation et du texturing de ces objets volants. J'ai donc recherché un maximum de références sur internet afin d'avoir de bonnes bases avec lesquelles travailler.

Y a-t-il d'autres projets d'animation 3D que nous puissions mettre en avant afin de montrer votre style créatif et les différents outils ou techniques utilisés propre à LightWave?

Vous pourrez découvrir le reste de mon travail à travers les différents Showreel sur ma page Vimeo. Les autres projets sur lesquels j'ai travaillé ne sont pas en ma possession.

Les budgets serrés ou les délais très courts ont-ils une place importante dans votre travail?

Dans mon parcours de graphiste 3D, que ce soit en tant que freelance ou en agence, le temps est souvent un facteur après lequel on court. Tous les moyens sont bons pour en gagner. On peut, par exemple, penser à optimiser ses objets en fonction de leur positionnement dans l'image. Ou décomposer sa scène en faisant des rendus par pass et par plans pour pouvoir intervenir rapidement et ne pas à avoir à tout recalculer.

La crise économique n'aidant pas, les budgets sont souvent très justes. Si je devais imager la situation que je rencontre souvent, je dirai que le client a tendance à vouloir un résultat proche du Blu-ray alors qu'il propose un budget de cassette VHS. La plupart du temps, nous arrivons à un compromis en faisant des efforts chacun de notre coté.

Comment gérez-vous les tâches difficiles comme la création de modèles ou des compositions complexes, des textures riches ?

La création de modèles complexes m'oblige à me créer une banque d'images de référence, même si ces dernières ne sont pas exactement les mêmes que l'objet final. Cela me permet d'avoir une vision globale de ce qui existe déjà. Par la suite, je le réadapte à ma façon si cela est nécessaire. En ce qui concerne les compositions complexes, j'essaye d'optimiser au mieux mes scènes pour alléger les temps de rendu (rendu par plan et par pass). Au niveau de la modélisation, j'essaye d'avoir un maillage léger. Si ce dernier est en Subpatch, j'ai l'avantage de pouvoir augmenter son niveau de détail lors du rendu dans Layout avec le render Subpatch. Je fais également attention à avoir des textures en raccord avec la définition finale de mon image. Un gros plan sur une zone avec une texture mal préparée peut entraîner de mauvais résultat au rendu (image pixelisée).

Comment traitez-vous l'éclairage et la radiosité?

Tout dépend de la scène que j'ai en face de moi: mes projets me demandant d'avoir des rendus de type "packshot", j'ai pour habitude d'avoir un éclairage proche d'un studio photographique, et jouer sur des lumières 3D et des réflecteurs (polygones avec une couleur ou map HDR en environnement). Je précise qu'il m'est difficile de parler d'éclairage sans parler de Shading. Ces deux paramètres sont intimement liés. En fonction du shading, la lumière réagira de façons multiples. Utiliser, par exemple, de la réflexion dans mon shading plutôt que de la spécularité m'apporte un meilleur résultat dans le type de rendu que je recherche (photoréalisme). On pourrait aussi croire qu'éclairer une scène avec une simple image HDR suffit… mais ce n'est pas la cas. Elle ne permet malheureusement pas d'avoir une ombre portée directionnelle et ne permet pas de faire apparaître les effets de Bump ou de Normal Map. Je garde donc toujours en tête cette étape : ajouter à ma scène des lumières 3D pour pouvoir gérer ce genre de détails.

Qu'en est-il de votre utilisation d'Instancing, Flocking, Hypervoxels et d'autres fonctionnalités de LightWave?

J'ai principalement utilisé Instancing pour des projets liés à l'architecture : on peut générer un grand nombre d'objets avec cet outil, ce qui est très intéressant. Je m'en suis servi, par exemple, sur un projet de temple asiatique dont la toiture était composée de tuiles.

En ce qui concerne les propriétés de Flocking et Bullets, je ne suis encore qu'à l'étape de tests, mais les résultats que j'ai obtenu m'encouragent à continuer pour essayer de les intégrer à un projet, qu'il soit professionnel ou personnel.

Comment utilisez-vous le rendu de LightWave et comment a-t-il été bénéfique dans votre travail?

En ce qui concerne le rendu sous LightWave, je travaille avec, comme compagnon, la radiosité pour augmenter le réalisme de mes images. Les réglages qui peuvent être faits sont nombreux, tout dépend de la scène que nous avons face à nous. Il me sera difficile de parler d'un cas précis mais, de manière générale, je commence avec des valeurs très basses au niveau des paramètres de la global illumination ainsi qu'au niveau des paramètres des samples camera et shader. Une fois que mes tests en basse résolution sont terminés, j'augmente ces paramètres. Au niveau des samples, on a le choix d'augmenter le couple shading/light ou Min/Max samples de façon séparée. Augmenter les deux en même temps n'apporte pas forcement un meilleur résultat. Au contraire, on augmente de façon significative les temps de rendu.

Pour ceux qui débutent avec LightWave aujourd'hui, avez-vous des conseils techniques, astuces ou autres approches que vous aimeriez partager avec eux?

Mon conseil à ceux qui débutent LightWave serait .. pratiquez ... pratiquez ... car il n'y a pas vraiment de secret. Il faut savoir s'approprier les logiciels pour ainsi mettre en place vos propres méthodes avec lesquels vous vous sentirez à l'aise. Il n'y a pas qu'une seule façon de construire une image...
Et il est inutile de penser que les autres programmes de 3D sont forcement meilleurs … au final, c'est le graphiste lui-même qui crée l'image!